Chapitre 16
Ch. 16 v. 1-6 — L’arche établie à Sion, en lien avec la royauté
Ch. 16 v. 1-3 — Sion, lieu de l’alliance de l’Éternel avec la royauté
L’alliance de l’Éternel se lie avec la royauté, et cela en Sion, le lieu qu’il
avait choisi pour son repos. [16:2] David lui-même revêt un peu le caractère de
Melchisédec, mais ce n’est qu’en témoignage et par anticipation (16:1-3). Dans
ces versets, les sacrificateurs ne paraissent pas.
Portée du transfert de
l’arche en Sion vue dans les Psaumes
Pour mieux saisir la portée du transfert de l’arche en Sion, on fera bien de
considérer le Ps. 78:60-72, le Ps. 132, et de comparer le verset 8 de ce Psaume
avec ce que Moïse disait pendant le voyage d’Israël dans le désert (Nombres
10:35, 36). Il est intéressant de voir, au Ps. 132, chaque demande du
commencement du Psaume dépassée par l’exaucement de la fin.
Jugement du système lié
au tabernacle, privé de l’arche liée à la royauté
Le fait de ne pas avoir porté l’arche dans le tabernacle à Gabaon était aussi
d’une très grande portée. C’était juger complètement tout le système qui tenait
à ce tabernacle. Celui-ci subsistait aussi bien que l’autel, et les
sacrificateurs y offraient des victimes [(16:39-40)] ; mais l’arche de
l’alliance de l’Éternel lui était ôtée. Le roi, par son autorité, en disposait
en la plaçant ailleurs. Depuis la ruine de Silo, ce jugement avait continué
comme châtiment exécuté par les ennemis ; mais, maintenant que Dieu intervient
par David et agit en puissance, cette puissance place ailleurs le signe visible
de son alliance avec son peuple. La royauté est établie à Jérusalem, et le signe
de l’alliance de Dieu est ôté au tabernacle d’assignation pour être placé sur la
montagne de Sion, siège de la royauté.
Contraste avec le temps
de Moïse, l’arche étant en repos dans la royauté établie
Lorsque le peuple devait partir de son campement, Moïse disait1 : « Lève-toi,
Éternel ! et que tes ennemis soient dispersés, et que ceux qui te haïssent
s’enfuient devant toi ». Cela avait lieu au départ de l’arche pour chercher au
peuple un lieu de repos. Quand elle se reposait, Moïse disait : « Reviens,
Éternel, aux dix mille milliers d’Israël » (Nomb. 10:35, 36). Mais lorsque Dieu
avait, jusqu’à un certain point, donné du repos à Israël, ce dernier n’a pas su
en jouir. Il a fait sortir l’arche de son lieu pour l’amener dans le camp
d’Israël [(1 Sam. 4:4)], battu par ses ennemis à cause de son infidélité [(1
Sam. 4:10)] ; mais ce n’était plus alors la place de l’arche. Ni l’une, ni
l’autre des paroles de Moïse ne convenait à ce transport de l’arche au milieu du
camp. L’arche fut prise [(1 Sam. 4:11)], et, comme nous l’avons vu ailleurs, I-Cabod
fut prononcé sur le peuple [(1 Sam. 4:21)]2. Mais la fidélité de Dieu demeure,
et maintenant qu’il est intervenu en grâce et en puissance, et que la royauté
est établie comme vase de cette puissance et de cette grâce, une autre parole
est donnée : « Lève-toi, Éternel ! pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de
ta force ! » (Ps. 132:8). Israël, le camp et la sacrificature n’étaient plus le
repos de Dieu.
1 Ainsi, dans le désert, c’était Israël en voyage, cherchant son repos, trouvant des ennemis sur son chemin, et reconnaissant par la foi ces ennemis comme ennemis de l’Éternel ; entourant avec soin le signe de la présence de son Dieu, lorsqu’il donnait un repos passager à son peuple.
2 Exprimé en ces mots : « Il livra à la captivité sa force, et sa magnificence en la main de l’ennemi » (Ps. 78:61).
Ch. 16 v. 7-36 —
Cantique de David pour l’établissement de l’arche
Portée de l’arche et de la royauté établies en Sion
Examinons maintenant la portée de cet établissement de l’arche et de la royauté
en Sion, telle qu’elle nous est présentée dans le cantique que David a composé à
cette occasion.
La royauté confiée à
l’homme a failli, mais Christ accomplira tout ce qui s’y rattache
Il est vrai que, en tant que confiée aux hommes1, la royauté a failli ; mais il
n’en est pas moins vrai qu’elle a été placée dans la maison de David, selon les
conseils, le don, et l’appel de Dieu, et que toutes les promesses qui s’y
rattachent — les grâces assurées de David (És. 55:3) — seront accomplies en
Christ.
1 Comparez au Ps. 132:11 et 12, les deux principes déjà signalés dans l’examen du livre des Rois.
Bénédiction rattachée à
la royauté, et cantique d’actions de grâces
Dans ce que nous lisons ici (ch. 16), la royauté est considérée à la lumière des
pensées de Dieu et de la bénédiction qui, selon ces pensées, s’y rattache.
[16:2] David ayant offert des holocaustes et des sacrifices de prospérité, et
ayant béni le peuple, [16:3] distribue à chacun, tant aux hommes qu’aux femmes,
un pain, une ration de vin, et un gâteau de raisins, car Dieu veut bénir
abondamment ses vivres et rassasier de pain ses pauvres [(Ps. 132:15)]. [16:7]
Puis David donne aux Lévites un cantique pour le chanter en actions de grâces à
l’Éternel.
Contenu et sujet du
cantique de David
Cantique composé de morceaux de différents psaumes
Ce cantique se compose d’une partie du Ps. 105, du Ps. 96 avec quelques
changements, du commencement des Ps. 106, 107, 118 et 136, commencement qui est
une formule importante, enfin du Ps. 106:47 et 48.
Voici les sujets dans l’ordre suivi par le cantique :
Ch. 16 v. 8-22 — Ps.
105:1-15, œuvres et grâce de l’Éternel pour Israël selon les promesses
D’abord, au Ps. 105, [16:8] les exploits de l’Éternel sont célébrés, [16:9]
ainsi que ses œuvres merveilleuses [16:12] et les jugements de sa bouche.
[16:13] Israël, comme son peuple et l’assemblée de ses élus, [16:12] est invité
à se souvenir de ces choses, [16:14] car il est l’Éternel son Dieu, et ses
jugements sont dans toute la terre. [16:15] Israël est invité à se souvenir non
de Moïse et des promesses conditionnelles adressées au peuple par son moyen,
[16:16] mais de l’alliance inconditionnelle avec Abraham, [16:17] alliance
éternelle [16:18] pour donner le pays à sa postérité. [16:21-22] Il lui est
rappelé de quelle manière Dieu avait gardé ces héritiers de la promesse, [16:20]
lorsqu’ils allaient de nation en nation. Le reste du Psaume est omis : [Ps.
105:16-25] il parle historiquement des voies de Dieu à l’égard de la
conservation du peuple en Égypte, [Ps. 105:26-44] et de sa délivrance pour être
établi en Canaan, [Ps. 105:45] afin qu’il pût observer les statuts de l’Éternel.
Cette partie du Psaume aurait peu convenu ici où la grâce est célébrée dans
l’établissement du peuple en puissance, après que ces statuts avaient été
violés. Le commencement du Psaume célèbre la grâce envers Israël selon les
promesses faites à Abraham, à Isaac et à Jacob, [16:14] lorsque les jugements de
Dieu sont dans toute la terre. C’est là la première chose fondée sur la présence
de l’arche et de l’établissement du trône en Sion.
Ch. 16 v. 23-33 — Ps.
96, joie du règne glorieux de l’Éternel pour les nations
La gloire du règne est reconnue par les nations qui s’en réjouissent
Les versets 23 à 33 sont à peu près les paroles du Ps. 96. [16:23] C’est une sommation adressée aux Gentils de reconnaître l’Éternel [16:24] dont on doit déclarer la gloire parmi toutes les nations. Ce Psaume appartient à une série de Psaumes qui, depuis le premier cri du peuple jusqu’à la joie universelle des nations, donnent d’une manière suivie tout ce qui regarde l’introduction du Premier-né dans le monde. [16:31] Seulement, les mots : « Qu’on dise parmi les nations : l’Éternel règne ! » ont, dans le Ps. 96, une place qui leur donne un caractère plus prophétique [(Ps. 96:10)]. Ici, la joie des cieux et de la terre précède ce message aux nations, et, au lieu de dire : « ses parvis », il est dit : « devant lui ». Les mots « Il jugera le monde avec justice » [(Ps. 96:13)], sont aussi omis, ainsi que la seconde moitié du dernier verset, qui applique ce jugement au monde. À part ces changements, qui me paraissent donner davantage au cantique que nous considérons le caractère d’une joie présente, ces versets correspondent au Ps. 96.
Omission du jugement des nations pour ne montrer que la joie de la délivrance sous le règne
L’omission du jugement des nations en justice est remarquable. C’est qu’ici le sujet est la joie, la grâce de la délivrance dans l’établissement du pouvoir, et le gouvernement de la terre qui en est la suite, avec le fait que les nations sont appelées à Jérusalem pour s’y présenter devant l’Éternel. C’est là l’idée principale.
Ch. 16 v. 34 — Fermeté
de la bonté de Dieu, déclarée en tête de plusieurs psaumes
Bonté de Dieu démontrée par l’établissement de l’arche en Sion et chantée depuis
lors
Nous avons donc, dans ces deux parties, la joie d’Israël devant l’Éternel et l’accomplissement de l’alliance faite avec les pères à la suite des œuvres merveilleuses de Dieu ; et l’appel adressé aux nations de se rendre au lieu de sa gloire1. [ 16:34] Nous avons ensuite cette formule : « Sa bonté demeure à toujours », déclarant qu’à travers toutes les fautes, tous les péchés et toute l’infidélité d’Israël, la bonté de Dieu est demeurée ferme. Ce sera lorsque l’Agneau, vraie arche de l’alliance et véritable David, sera sur la montagne de Sion, avant même qu’il prenne le caractère de Salomon, que cela sera pleinement démontré. Aussi, depuis David, cela a été chanté (comparez le verset 41 ; 2 Chron. 5:13 ; Esdras 3:11 ; Jér. 33:11).
1 On n’aurait pas pu employer ici le Ps. 100, parce que, avant ce Psaume, l’Éternel a déjà été célébré comme assis entre les chérubins (Ps. 99:1) ; tandis que l’acte de placer l’arche en Sion n’était qu’une anticipation ; c’est donc le Ps. 96 qui est cité. C’est la présence de Christ sur la montagne de Sion, pour accomplir en puissance les promesses, avant de régner en paix, qui explique toutes ces allusions, ainsi que plusieurs Psaumes qui semblent parler d’un retour de la captivité pour rebâtir Jérusalem, tout en demandant l’accomplissement de ce retour. Dans quelques-uns de ces Psaumes, la bénédiction est célébrée en esprit, et le cri pour l’obtenir est le fait qui en précède l’accomplissement.
Ps. 106 v. 1 — Continuité de la bonté de Dieu malgré l’histoire du peuple ici sautée
Le Ps. 106, qui termine le quatrième livre des Psaumes, expose longuement les preuves de cette précieuse déclaration, tandis que le cantique que nous considérons, à partir des promesses faites à Abraham, saute toute l’histoire jusqu’à la fin (en omettant la fin du Ps. 105 depuis le v. 16 qui en parle, et place Israël sous sa responsabilité dans la terre de Canaan) et continue par le premier verset du Ps. 106 qui annonce que la bonté de Dieu a continué malgré tout.
Ps. 107 v. 1 — Bonté de Dieu liée à la délivrance et au retour final d’Israël
Le Ps. 107 traite ce même sujet, mais en rapport avec la délivrance et avec le retour d’Israël à la fin des temps.
Ps. 118 v. 1 — Bonté de Dieu en rapport avec le Messie souffrant puis reconnu
Le Ps. 118 fait ressortir cette vérité, en rapport avec la personne du Messie souffrant avec son peuple, mais enfin reconnu et reçu au jour que l’Éternel a fait.
Ps. 136 v. 1 — Bonté de Dieu en rapport avec la bénédiction d’Israël et de toute la création
Enfin, au Ps. 136, cette doxologie est chantée en rapport avec la pleine bénédiction d’Israël et de toute la création ; en commençant par la création même et en célébrant les preuves de cette bonté à travers toutes choses, jusqu’à la bénédiction de la terre à la suite de la rédemption d’Israël.
Suite des psaumes 132 à 136, allant jusque dans le temple restauré
Ici, nous pouvons remarquer que, depuis le Ps. 132, que nous avons déjà signalé comme célébrant l’établissement de l’arche en Sion, les Psaumes, jusqu’au 136, forment une suite. Seulement ils vont plus loin que notre sujet actuel, et ils nous introduisent dans le temple restauré, sans toutefois cesser de parler de Sion comme du lieu de bénédiction (comparez les Ps. 133, 134, 135, et enfin le 136, dont nous parlons, et qui, comme un chœur, termine la série).
Ch. 16 v. 35-36 — Ps.
106:47-48, louange de Christ établi en Sion
Enfin, nous avons les deux derniers versets du Ps. 106, [16:33] dont le premier
demande que Dieu rassemble Israël1 d’entre les nations, ce qui sera le résultat
de l’établissement du trône de Jésus en Sion2 [16:36] et dont le second termine
le Psaume (comme à la fin de chacun des livres des Psaumes), en bénissant pour
toujours l’Éternel, le Dieu d’Israël. Ce cantique de louange contient donc tous
les sujets que la présence de Christ en Sion fournira l’occasion de célébrer,
quand il aura déjà paru pour y établir sa puissance en grâce, mais avant que les
effets de sa présence se soient fait sentir tout alentour.
1 Cette demande montre le caractère prophétique du cantique, et fait voir que sa portée s’étend aux derniers temps d’Israël.
2 Voyez Matt. 24:31 (quoique là ce soit en rapport avec sa venue du ciel) et le Ps. 126.
Ch. 16 v. 37-43 — Ordre
du service devant l’arche et devant l’autel
David règle le service des sacrificateurs et de la louange
À la fin du chapitre 16, [16:37] nous voyons que le roi règle tout ce qui devait
se faire devant l’arche, [16:39-40] et devant l’autel qui se trouvait au haut
lieu de Gabaon (c’est-à-dire, pour le service de chaque jour devant l’arche, et
pour les sacrifices devant l’autel), [16:41] et qu’il établit aussi des Lévites
pour célébrer l’Éternel et chanter que « sa bonté demeure à toujours ».
Fidélité de Dieu
manifestée même dans ce qui témoignait de la ruine du peuple
Il est touchant de voir que le témoignage de cette précieuse fidélité de Dieu se
trouve non seulement là où la puissance avait placé l’arche, mais là aussi où le
cœur du peuple en avait besoin dans l’intervalle, savoir à l’autel, qui, tout en
étant le lieu où le peuple s’approchait de Dieu, était devenu, après tout, un
témoignage de l’état de ruine du peuple, un tabernacle sans l’arche.
L’arche établie en Sion
préfigure le règne du Fils de David, selon les conseils divins
La foi qui saisissait les conseils et l’œuvre de Dieu, pouvait voir dans
l’établissement de l’arche en Sion (acte qui, selon l’ancien ordre, était un
véritable désordre), l’acheminement de la puissance et de l’intervention de Dieu
vers le règne paisible et glorieux du Fils de David. Les grâces assurées de
David [(És. 55:3)] brillaient aux yeux de la foi comme l’aube du jour, en ce que
l’arche de l’alliance avait été placée par David, le roi, sur la montagne que
Dieu avait choisie pour son repos éternel.
Condescendance de Dieu
pour le peuple ignorant venant à Gabaon
Mais tous ne saisissaient pas ces voies et cette intervention de Dieu, si
précieuse pour celui qui les comprenait ; et la bonté condescendante de Dieu
s’abaissait à Gabaon, jusqu’au bas état du peuple qu’il aimait, et il lui
parlait encore en ce lieu selon Son propre cœur, à l’autel où ce peuple pouvait
s’approcher de Dieu dans une ignorance qui, peut-être, ne voyait pas plus loin,
mais où, autant que son ignorance le permettait, il était fidèle à Celui qui
l’avait fait monter d’Égypte ; [16:41] là, Dieu parlait au peuple en lui disant
que sa bonté demeurait à toujours. C’en était, de fait, une preuve touchante.
[16:43] David revient pour bénir sa maison, chose, pour David comme pour
Salomon, toujours distincte du peuple et de la gloire.