LA VIE DE
JÉSUS
CHAPITRE II
L'activité publique de
Jésus.
G. Jésus à
Jérusalem, - le dimanche des Rameaux.
110. Le plus grand commandement.
(Matth.
XXII, 34-40 ;Marc
XII, 28)
Les pharisiens, ayant appris que le Seigneur
avait fermé la bouche aux sadducéens, cherchèrent
encore à le surprendre dans ses discours. Ils
voudraient lui faire prononcer quelques paroles dont
ils pussent se servir plus tard pour l'accuser. Lui,
au contraire, dans son amour de Berger, cherche
leurs âmes pour les sauver. Les docteurs juifs
avaient compté toutes les prescriptionslégales
renfermées dans la loi de Moïse, et ils avaient
trouvé, 365 défenses et 248 ordonnances, en tout 613
commandements. Cette découverte avait donné lieu à
une dispute sur le point de savoir quel était le
plus grand et le plus important de ces
commandements. - Ils envoyèrent donc un scribe à
Jésus pour le tenter. Celui-ci lui dit :
Maître, quel est le plus grand
commandement de la loi ? Jésus lui dit : Tu aimeras
le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton
âme, de toute la pensée ; c'est là, le premier et
grand commandement. Et voici le second qui lui est
semblable : Tu aimeras ton prochain, comme toi-même.
Toute la loi et les prophètes se rapportent à ces
deux commandements. La question du docteur de la loi
aurait été à sa place, si elle n'avait pas été
dictée par une mauvaise intention. Mainte âme
arriverait plus tôt à la paix, si elle s'arrêtait
moins aux choses accessoires. De fait, il y a dans
l'Écriture sainte beaucoup de questions
comparativement peu importantes, dont on pourrait
sans danger ajourner la solution, et qu'on
reprendrait avec profit plus tard, lorsque les
principales questions auraient été saisies par la
foi. Jésus nous montre d'abord les plus importantes.
C'est un amour sans partage, absolu, pour Dieu, puis
un véritable amour pour le prochain.
Que personne ne pense que nous, disciples
du Nouveau Testament, ayons à nous occuper de choses
plus importantes, par exemple, de la foi avec tout
ce qui s'y rapporte. Non, pour nous aussi, le
principal est toujours : Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur,
ce qui ne signifie pas seulement penser à lui,
parler de lui, mais tenir à lui par tous les désirs
les plus ardents du coeur ; avoir soif de lui. La
foi est le meilleur, même le seul moyen d'atteindre
à ce but suprême : Aimer Dieu de tout son coeur.
Ou bien penses-tu peut-être pouvoir aimer
sans croire ? Quiconque descend, avec la lumière de
ce grand commandement, dans les replis secrets de
son coeur, et y distingue la direction vraie de ses
efforts et de ses aspirations, de ses voeux et de
ses espérances, verra bientôt s'écrouler tout
l'orgueilleux édifice de sa propre justice et de sa
satisfaction de lui-même. Il cessera promptement de
croire que tout soit pour le mieux dans son coeur,
relativement à la chose principale ; que tout soit
en lui, tel que Dieu le demande.
Un coup d'oeil sincère jeté sur ce grand
commandement fait de nous de pauvres pécheurs, les
seuls qui soient capables de croire. Ce premier et
grand commandement : « Aimer Dieu de tout notre
coeur, » nous montre notre profonde culpabilité,
notre irrémédiable misère, et le faux amour par
lequel nous nous attachons à tout, excepté à Dieu,
en qui seul cependant nous pouvons trouver une
pleine satisfaction et un complet repos.
Un sérieux examen de nous-mêmes en face
du grand commandement, conduit à la foi, et la foi
rend capable de l'accomplir. Inséparablement uni au
premier et grand commandement, est le second qui lui
est semblable : Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. Nous devons
aimer Dieu dans l'homme de telle manière que l'amour
de Dieu et l'amour du prochain se pénètrent
mutuellement. Il faut que l'amour pour Dieu se
montre par notre bienveillance envers les hommes, et
que notre amour pour le prochain ait un caractère
religieux. La maxime : « Charité bien ordonnée
commence par soi-même » est en opposition directe
avec l'amour chrétien. Car cet amour ne cherche pas
son propre avantage, mais celui des autres.
Le docteur de la loi répond avec la
prudence du serpent et la simplicité de la colombe :
Maître, tu as bien dit, et
selon la vérité, qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et
qu'il n'y en a point d'autre que lui, et que l'aimer
de tout son coeur, de toute son intelligence, de
toute son âmes, et de toute sa force, et son
prochain comme soi-même vaut mieux que tous les
holocaustes et que tous les sacrifices. Jésus voyant
qu'il avait répondit en homme intelligent, lui dit :
Tu n'es pas éloigné du royaume des cieux.
Le tentateur est embarrassé. Il a voulu surprendre
Jésus dans ses discours et il a été presque pris
lui-même par les paroles de Jésus. C'est un précieux
témoignage sorti de la bouche du Seigneur : « Tu
n'es pas éloigné du royaume des cieux. » Mais celui
qui s'en contenterait ressemblerait à un vaisseau
qui aurait supporté la tempête en pleine mer, et
qui, en vue du port, fait naufrage.« Non loin du
royaume des cieux »signifie avoir presque atteint le
but, mais non complètement.
Qui ne serait douloureusement ému en
entendant des paroles comme celles que le roi
Agrippa adressait à Paul lorsque celui-cilui disait
: Roi Agrippa, crois-tu aux prophètes ? - Je sais
que tu y crois. Il s'en faut peu, répondit le
roi, que tu ne me persuades d'être chrétien. Il s'en
fautpeu, mais il s'en faut de quelque chose.
Ainsi, il n'était pas chrétien. « Non loin du
royaume des cieux ! » « Le royaume des cieux est
forcé et les violents le ravissent. » Ce serait une
belle chose si ce docteur de la loi était un des
trois mille qui, le jour de la Pentecôte, ravirent
le royaume des cieux.
.
111. Le Fils et Seigneur de David.
(Matth.
XXII, 41-46 ;Marc
XII, 35-37.)
Jésus fait encore une tentative pour attirer à
lui les docteurs de la loi et les pharisiens en
général. Il leur dit : Que
vous semble-t-il du Christ ? De qui doit-il être le
fils ? Ils répondirent : de David. Et il leur dit :
Comment donc David l'appelle-t-il par l'Esprit son
Seigneur en disant : Le Seigneur a dit à mon
Seigneur : Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que
j'aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied ?
Si donc David l'appelle son Seigneur, comment est-il
son fils ? Et personne ne put lui répondre un seul
mot. Et depuis ce jour, personne n'osa plus
l'interroger. Les pharisiens ne voulaient
pas admettre le mystère de piété : « Dieu manifesté
en chair. » Ils ne voulaient pas croire que l'homme
qu'ils avaient devant eux et qui leur parlait, était
en même temps le vrai Dieu, engendré du Père de
toute éternité ! Ils ne réfléchissaient pas que le
fils de David est en même temps son Seigneur, comme
l'Écriture en rend témoignage.
Que vous
semble-t-il du Christ ? Comme cette
question, importante entre toutes, avait été jusqu'à
ce moment indifférente pour cette masse, qui ne
s'était jamais sérieusement examinée sur le premier
et grand commandement ! Pour arriver à résoudre
cette question, il ne faut pas le travail de la
tête, mais celui du coeur. On parvient à la vérité
sur cette question aussitôt que, prenant en sérieuse
considération le premier et grand commandement, on
se connaît véritablement soi-même. Quiconque cesse
de vouloir être semblable à Dieu, et est
désillusionné sur sa propre sagesse et sur celle du
monde, s'écriera aussitôt en venant à Jésus : «
Tu as les paroles de la, vie
éternelle ! » - Celui qui reconnaît en
soi-même, non seulement maintes faiblesses, maintes
imperfections, maints défauts, mais son état de
péché et de culpabilité, au point de se sentir sous
le poids de la colère de Dieu, celui-là n'est plus
loin de Jésus, qui ne met point dehors celui qui
vient à lui. Quiconque éprouve une sincère douleur
de n'être pas encore délivré du péché ; quiconque
connaît, par une amère expérience, les chaînes du
péché qui ont asservi sa volonté, mais qui aspire à
la glorieuse liberté des enfants de Dieu, accepte
avec joie celui qui brise tous les liens, le Fils
qui rend véritablement libre. Quiconque dira, avec
un coeur plein d'humilité : « Je suis perdu et
condamné » pourra bientôt s'écrier, en fléchissant
les genoux : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Vrai Dieu engendré du Père de toute
éternité, vrai homme, né de la vierge Marie, voilà
ce que notre intelligence est incapable de
comprendre, de concevoir et de sonder. Aussi bien ce
mystère ne s'est-il pas accompli et ne nous est-il
pas révélé pour que nous le comprenions, mais pour
que nous le recevions avec une foi enfantine et
pleine de reconnaissance. Ainsi nous retenons ces
deux choses dans une inséparable unité : La vraie
humanité du Sauveur avec sa divinité, et sa vraie
divinité avec son humanité.
Fatigué par le travail, il est couché
dans la barque et dort comme un homme ordinaire,
puis - il commande à la tempête, et le calme
s'établit. Il a faim, il attend des vivres au bord
du puits de Jacob, puis - dans le désert, il
rassasie plusieurs milliers de personnes avec
quelques pains. J'ai soif ! s'écrie-t-il languissant
sur la croix, puis - il abreuve les âmes des hommes
d'une eau qui jaillit jusque dans la vie éternelle.
On le traîne, les mains liées, devant le juge comme
un malfaiteur, puis - ces mêmes mains, sans armes,
chassent du temple les vendeurs et les changeurs qui
se hâtent de quitter le lieu. Un seul petit mot en
Gethsémané, « c'est moi »,suffit pour renverser ses
adversaires dans la poussière, et cependant - il est
exposé sans défense sur la croix pendant de longues
heures aux railleries et aux moqueries de la foule.
Toutefois sa gloire n'est pas moindre dans son
abaissement que dans la manifestation de sa force
divine. Fils de Davidet Seigneur de David, ces deux
attributs réunis constituent l'inébranlable
fondement et la bienheureuse consolation de notre
foi.
.
112. La pite de la veuve.
(Marc
XII, 41-44.)
Jésus, étant assis
vis-à-vis du tronc, regardait comment le peuple
mettait dans le tronc. Plusieurs personnes riches y
mettaient beaucoup ; et une pauvre veuve vint, qui y
mit deux petites pièces qui font un quadrain. Et
ayant appelé ses disciples, il leur dit. - Je vous
dis en vérité que celle pauvre veuve a plus mis dans
le tronc que tous ceux qui y ont mis. Car tous les
autres y ont mis de leur superflu, mais celle-ci y a
mis de son indigence, tout ce qu'elle avait pour
vivre. Jésus s'était assis ce jour-là au
parvis du temple, vis-à-vis du tronc, avant de
sortir de la ville. Ce n'était pas mû par une vaine
curiosité qu'il regardait comment les gens mettaient
de l'argent dans le tronc. Ici comme partout, ses
yeux voulaient apprécier la foi de ceux qui
s'imposaient ces sacrifices. L'or et l'argent
tombaient abondamment dans le trésor sacré. Il
s'agissait d'orner le temple et de pourvoir à la
splendeur du culte. Mais voici venir une pauvre
veuve âgée. Ses yeux brillent et son visage rayonne
de joie. Son âme est remplie du sentiment de la
bonté du Seigneur, qu'elle a expérimentée pendant
toute sa vie. Elle veut le remercier non seulement
en paroles, mais aussi par des actes. Mais qu'est-ce
que cette pauvre veuve solitaire pourrait bien
offrir au Seigneur ? Ses mains sont aussi vides
d'argent que son coeur est rempli de reconnaissance.
Deux petites pièces qui équivalent à peu près à un
centime de notre monnaie, voilà tout ce qu'elle
possède. Qu'est-ce que cela pour les immenses
besoins du règne de Dieu ? Rien absolument. Mais
pour elle, c'est sa dernière ressource, tout ce
qui lui reste pour vivre. Eh bien ! elle le
sacrifiera pour le temple de son Dieu. Elle se hâte
de déposer son offrande, car elle est probablement
honteuse de donner si peu. Toutefois Jésus prend
plaisir à l'humilité, à la foi, à la reconnaissance
de cette pauvre veuve, qui rendent son don précieux
à ses yeux.
Dans le règne de Dieu, les offrandes ne
sont pas comptées, elles sont pesées et évaluées
d'après les sentiments de ceux qui les font.
Cependant, on aurait tort d'arguer de la pite de la
veuve pour excuser l'exiguïté des sacrifices qu'on
fait pour le règne de Dieu, en disant que le
Seigneur se contente aussi de peu. La veuve n'a pas
donné peu ; elle a donné plus que les plus riches,
qui ont jeté de fortes sommes dans le trésor sacré.
Que celui qui veut mesurer ses sacrifices en faveur
du règne de Dieu sur la pite de la veuve, compare
aussi son avoir au sien, ses ressources aux siennes.
- Le coeur de cette femme appartenait à Dieu ; voilà
pourquoi elle pouvait lui donner tout ce qu'elle
possédait. Nos dons pour le règne de Dieu sont dans
la plus intime connexion avec les dispositions. de
nos coeurs. Que chacun donc juge de ses dispositions
à l'égard de Dieu, d'après les dons qu'il fait à
Dieu. Il serait certainement très salutaire si,
toutes les fois que dans notre Église une collecte
est faite dans l'intérêt du règne de Dieu, mission
extérieure ou mission intérieure, nous élevions
l'oeil de notre foi, car il rencontrerait l'oeil de
Jésus, qui regarde encore ce que son peuple met dans
son trésor. Le souvenir vivant de ce qu'offre cette
veuve qui donne tout ce qu'elle a, procurerait
certainement un riche profit à notre collecte.
Ce même soir, mardi, le Seigneur sortit
de la ville avec ses disciples et se retira sur le
mont des Oliviers ou à Béthanie.
.
MERCREDI
113. Jésus reprend les pharisiens.
(Matth.
XXII.)
Jésus se présente encore à tout le peuple, mais
c'est pour la dernière fois. Il va se retirer de la
vie publique, pour passer dans l'intimité avec ses
disciples les quelques jours qui le séparent de la
croix. Toutes les exhortations pleines d'amour qu'il
a adressées aux scribes et aux pharisiens pour
gagner leur âme, ont été inutiles. « Il n'ont pas
voulu ! »Maintenant le Seigneur va leur dénoncer ses
jugements. Et il le fait publiquement, en présence
detout le peuple, afin que ceux qui veulent encore
recevoir ses avertissements puissent être sauvés.
D'abord, Jésus met ses disciples en garde
contre les scribes et les pharisiens, en insistant
sur la contradiction qu'il y a entre leurs
enseignements et leur conduite.
Les scribes et les pharisiens,
dit-il, sont assis dans la
chaire de Moïse, comme docteurs de la
loi. Observez donc tout ce
qu'ils vous diront d'observer en conformité avec
cette loi ; mais ne faites pas ce qu'ils font, car
ils disent et ne font pas. Jésus sépare
la mission de la personne ; mais il ne veut pas
enseigner par là que la conduite de celui qui est
chargé de la mission soit indifférente. Un
prédicateur de la Parole, qui ne fait pas ce qu'il
prêche, est semblable à une horloge qui sonne, mais
qui n'indique pas l'heure. Il faut qu'il y ait
accord entre la doctrine et la vie.Car
ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et
les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne
voudraient pas les toucher du doigt. Que
la prédication de la loi, sans l'annonce de la grâce
impose un insupportable fardeau, ces personnages
s'en inquiétaient peu ; car ils ne cherchaient ni la
gloire de Dieu ni le salut des âmes : ils ne
songeaient qu'à établir leur domination sur le
peuple.
Jésus reprend aussi les pharisiens. Il
leur reproche leur ambition et l'ardeur avec
laquelle ils recherchent les premières places.
Ils font toutes leurs actions
afin que les hommes les voient. Dans tous
leurs exercices religieux, ils ont égard aux hommes
et non à Dieu. Ils portent de larges phylactères et
ils ont de plus longues franges à leurs habits, et
ces phylactères et ces franges n'ont pas pour but de
les rendre plus attentifs aux passages de l'Écriture
qui y sont inscrits, mais de montrer aux hommes la
piété de ceux qui les portent.
Ils aiment à avoir les
premières places dans les festins et les premiers
sièges dans les synagogues ; à être salués dans les
places publiques et à être appelés par les hommes :
maîtres, maîtres. Le Seigneur n'entend
pas établir parmi ses disciples une égalité
parfaite, tellement qu'aucun d'eux ne soit élevé
au-dessus des autres ; mais il nous défend d'aspirer
par ambition aux choses élevées. Les disciples de
Christ doivent être humbles et se garder de l'esprit
pharisaïque.
Mais vous, ne
vous faites point appeler maîtres, car vous
n'avezqu'un maître. qui est le Christ, et pour vous,
vous êtes tous frères. Et n'appelez personne sur la
terre votre père, car vous n'avez qu'un seul Père,
savoir celui qui est dans les cieux. Et ne vous
faites point appeler docteurs, car vous n'avez qu'un
seul docteur, qui est le Christ. Le
Seigneur ne défend pas les dénominations
officielles, mais la recherche de ces dénominations.
Il ne défend pas les titres, mais l'ambition de les
acquérir. Mais que le plus
grand d'entre vous soit votre serviteur. Car
quiconque s'élève sera abaissé et quiconque
s'abaisse sera élevé. Tous les chrétiens
ne peuvent pas être égaux, au point qu'il n'y ait
aucune différence entre eux. Il y a des préposés et
des subordonnés. Les uns ont plus de dons, les
autres en ont moins ; mais grandeur et petitesse,
élévation et abaissement, ne sont pas appréciés
d'après la mesure du monde. L'humilité du coeur et
la disposition à servir, voilà ce qui rend grand
dans le royaume des cieux.
Après avoir adressé ces avertissements,
le Seigneur élève la voix et prononce un jugement
huit fois répété sur les scribes et les pharisiens.
Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux
hommes le royaume des cieux ; vous n'y entrez point,
et vous n'y laissez point entrer ceux qui voudraient
y entrer. Les Écritures leur donnaient la
connaissance du salut, et ils auraient pu la
communiquer au peuple ; ils auraient dû, eux et le
peuple, se laisser attirer à Jésus par Moïse et les
prophètes. C'est ainsi que le royaume des cieux leur
eût été ouvert. Par leurs commandements d'hommes,
ils s'excluaient eux-mêmes de ce royaume et tenaient
les autres loin du Seigneur.
Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites ; car vous dévorez
les maisons des veuves, en affectant de faire de
longues prières. À cause de cela vous serez punis
d'autant plus sévèrement. La captation
d'héritages est toujours une abomination devant
Dieu, mais elle est doublement coupable, lorsqu'elle
se couvre du manteau de la piété.
Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites ! car vous courez
la terre et la mer pour faire un prosélyte, et quand
il l'est devenu, vous le rendez digne de la géhenne
deux fois plus que vous. Fausses
tentatives de conversions et vrai zèle pour
lesconversions ; manie de prosélytisme et ardeur
pour la mission, doivent être soigneusement
distingués les uns des autres. Les uns ne tendent
qu'à la confession et à la participation
extérieures, les autres cherchent à amener les âmes
à la repentance et à la foi. Les uns ont pour
mobiles l'ambition et l'esprit de domination, les
autres sont guidés par un tendre amour pour les
âmes.
Malheur à vous,
conducteurs aveugles ! qui dites : Si quelqu'un jure
par le temple, cela n'est rien ; mais celui qui aura
juré par l'or du temple est obligé de tenir son
serment. Insensés et aveugles ! car lequel est le
plus considérable, ou l'or ou le temple qui rend cet
or sacré ? Et si quelqu'un, dites-vous, jure par
l'autel, cela n'est rien ; mais celui qui aura juré
par le don qui est sur l'autel, est obligé de tenir
son serment. Insensés et aveugles ! car lequel est
le plus grand, ou le don, ou l'autel qui rend ce don
sacré ? Celui donc qui jure par l'autel, jure par
l'autel et par ce qui est dessus. Et celui qui jure
par le temple, jure par le temple et par celui qui y
habite, et celui qui jure par le ciel, jure par le
trône de Dieu et par celui qui est assis dessus.
Leurs coeurs étant vides de Dieu, leur temple et
leur autel en sont également privés. C'est ainsi
qu'ils croyaient pouvoir se soustraire à
l'obligation du serment.
Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites ! car vous payez la
dîme de la menthe, de l'anet et du cumin, et vous
négligez les choses les plus importantes de la loi,
la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont
là les choses qu'il fallait faire sans néanmoins
omettre les autres. Conducteurs aveugles, qui coulez
un moucheron et avalez un chameau ! Ils
payaient la dîme non seulement des fruits de leurs
champs et de leurs arbres, selon l'ordonnance de la
loi, mais encore celle des moindres légumes de leurs
jardins. Le Seigneur ne les en blâme pas, mais la
consciencieuse fidélité dans les petites choses, n'a
de prix devant Dieu que si l'on ne viole pas le
premier et grand commandement ; si l'on cherche
avant tout la seule chose nécessaire.
Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites ! car vous nettoyez
le dehors de la coupe et du plat, pendant qu'au
dedans vous êtes remplis de rapine et
d'intempérance. Pharisien aveugle ! nettoie
premièrement le dedans de la coupe et du plat, afin
que ce qui est au dehors devienne aussi net.
Si les coupes et les plats, nets et brillants
extérieurement, contiennent des aliments acquis par
la rapine et l'avarice, les soupirs et les larmes
des pauvres y sont attachés. C'est là une fidèle
image de ces hommes dont le coeur est éloigné de
Dieu, et qui cependant se présentent extérieurement
avec convenance et une honorabilité incontestée.
Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites ! car vous
ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent
beaux au dehors, mais qui au dedans sont pleins
d'ossements de morts et de toutes sortes de
pourriture. De même aussi vous paraissez justes aux
hommes, mais au dedans vous êtes remplis
d'hypocrisie et d'injustice. Le coeur
humain est un temple ou un tombeau. Les croyants
sont le temple du Dieu vivant, extérieurement sans
apparence ni beauté, mais glorieux intérieurement.
Les hypocrites sont des sépulcres blanchis. Aux yeux
des hommes, convenables, honorables, pieux même,
tandis qu'ils n'inspirent à Dieu que du dégoût.
Malheur à vous,
scribes et pharisiens hypocrites ! car vous bâtissez
les tombeaux des prophètes et vous ornez les
sépulcres des justes, et vous dites : Si nous
eussions été du temps de nos pères, nous ne nous
serions pas joints à eux pour répandre le sang des
prophètes. Ainsi vous êtes témoins contre
vous-mêmes, que vous êtes les enfants de ceux qui
ont tué les prophètes. Vous donc aussi, vous achevez
de combler la mesure de vos pères. Serpents, race de
vipères ! comment éviterez-vous le jugement de la
géhenne ? C'est pourquoi voici, je vous envoie des
prophètes, des sages et des scribes ; vous ferez
mourir et vous crucifierez les uns, vous ferez
fouetter les autres dans vos synagogues, et vous les
persécuterez de ville en ville, afin que tout le
sang qui a été répandu sur la terre retombe sur
vous, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang
de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué
entre le temple et l'autel. Je vous dis, en vérité
que toutes ces choses viendront sur cette génération.
Les mauvais enfants de mauvais pères ont à expier
non seulement leurs péchés, mais aussi ceux de leurs
pères ! Mais ils suivent les sentiersensanglantés
par leurs ancêtres, et se préparent en secret à
verser le sang du Sauveur. Or, il est prêt, son
heure approche.
Semblables au tonnerre des jugements de
Dieu, ces malédictions passent sur la foule et sur
ses conducteurs. Ils se taisent et tremblent. Et le
Seigneur ajoute : Voici,
votre demeure va devenir déserte, car je vous dis,
eu vérité, que vous ne me verrez plus jusqu'à ce que
vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur. Le mépris de Dieu et de sa
Parole est suivi de la ruine des villes et des pays.
Le temple et toute maison de Dieu sont déserts et
vides, dès que la grâce de Dieu n'y règne pas. Ce
sont des constructions de pierres superposées les
unes aux autres et rien de plus, dès que la grâce de
Dieu salutaire à tous les hommes et apportée par le
Christ n'y trouve pas sa place. Il faut non
seulement que tous ceux qui ont vu la gloire du
Seigneur avec les yeux d'un saint Jean, mais aussi
ceux qui voient celui qu'ils ont percé, lui rendent
louange et honneur. Seulement, les uns le feront de
tout, leur coeur, les autres avec gémissement.
L'apôtre Paul (Rom.
XI, 26) nous donne l'espoir que lorsque la
plénitude des Gentils sera entrée dans le royaume de
Dieu, Israël reconnaîtra et adorera aussi son Roi.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
.
114. La destruction de Jérusalem et la fin du monde.
(Matth.
XXIV.)
Telles furent les dernières paroles de Jésus dans
le temple. Il s'en éloigna avec ses disciples et n'y
revint plus. Pendant qu'il
s'en allait, les disciples vinrent pour lui faire
considérer les constructions du temple,
comme pour lui dire : Regarde, Seigneur, ce
magnifique édifice ; est-il donc vrai que tout cela
doive tomber en ruine ? Et Jésus leur dit :
Ne voyez-vous pas tout cela ?
Je vous dis, en vérité, qu'il ne restera ici pierre
sur pierre qui ne soit reversée. Ainsi il
n'a rien exagéré, il ne retire rien de ce qu'il a
dit. Le général romain Titus est l'instrument de
Dieu pour exécuter ses jugements sur Jérusalem et
sur le temple. - Les disciples, le coeur navré,
suivent leur Maître sur le mont des Oliviers. Ils
sont tellement attachés à ce temple, que la
perspective de sa destruction est comme une épée qui
leur transperce l'âme. D'après leurs idées, cette
catastrophe ne peut arriver qu'à la fin du monde. Il
ne leur venait pas à l'esprit que le monde pût
subsister un seul instant sans le temple. C'est
pourquoi ils disent au Seigneur :
Dis-nous quand ces choses
arriveront, et quel sera le signe de ton avènement
et de la fin du monde. Le Seigneur va
leur faire comprendre que ces deux événements seront
séparés par un long intervalle. Sans doute, chaque
jugement de Dieu, et par conséquent aussi la ruine
de Jérusalem, est en avant-coureur et une prédiction
du dernier jugement. C'est pourquoi Jésus déclare
que ces deux événements ne se succéderont pas
immédiatement (v.
4-14). À la vérité, il y aura des guerres et des
bruits de guerre dans un prochain avenir, mais la
fin ne viendra que lorsque l'Évangile aura été
prêché à tous les peuples, pour leur servir de
témoignage.
Ensuite, le Seigneur décrit la ruine de
Jérusalem (v.
15-28) et en dernier lieu la fin du monde (v.
29-44). Mais il commence par prémunir ses
disciples contre les séductions qui se présentent
toujours aux époques des grandes calamités et il les
exhorte à la tempérance et à la vigilance.
Vous entendrez parler de
guerres et de bruits de guerre ; prenez garde de
vous troubler, car il faut que toutes ces choses
arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin. Car
une nation s'élèvera contre une autre nation et un
royaume contre un autre royaume. Et il y aura des
famines et des pestes et des tremblements de terre
en divers lieux ; mais tout cela ne sera qu'un
commencement de douleur. Ainsi, guerres,
famines, pestes, tels sont les avant-coureurs des
jugements qui devaient se dérouler dans la suite des
temps. - Il y eut, en effet, plusieurs tremblements
de terre à cette époque en Judée. L'historien
Josephe dit : « Évidemment tout l'édifice du monde
était ébranlé, comme si le genre humain allait être
détruit. » - Alors ils vous
livreront pour être tourmentés, et ils vous feront
mourir, et vous serez haïs de tous les hommes à
cause de mon nom. (C'est l'époque à
laquelle Jacques, Paul et Pierre souffrirent le
martyre). Alors plusieurs
se scandaliseront et se trahiront les uns les
autres. Et plusieurs faux prophètes s'élèveront et
séduiront beaucoup de gens. Et parce que l'iniquité
sera multipliée, la charité de plusieurs se
refroidira.
Mais celui qui
aura persévéré jusqu'à la fin, sera sauvé. Et cet
Évangile du royaume de Dieu sera prêché pur toute la
terre, pour rendre témoignage à toutes les nations,
et alors la fin, arrivera. Par ces
paroles, le Seigneur distingue les événements qui
marqueront la fin du monde de ceux qui se produiront
en premier lieu.
Plusieurs interprètes de la Parole de
Dieu pensent que, à la fin de son discours, le
Seigneur attire l'attention de ses disciples sur les
derniers moments de la période actuelle, et ils
appuient cette interprétation sur la mention que cet
Évangile doit, être prêché à tous les peuples. Mais
il faut faire la différence entre ce que saint Paul
écrit aux Romains relativement à l'entrée de la
plénitude des Gentils dans le royaume de Dieu et la
prédication de l'Évangile adressée à tous les
peuplespour leur servir de témoignage.
-L'entrée de la plénitude des Gentils dans l'Église
n'aura lieu qu'à la fin, tandis que l'Évangile était
annoncé à tous les peuples connus avant la
destruction de Jérusalem. C'est ce que nous
apprennent les Actes des Apôtres (XXI,
26-28), où les Juifs accusent Paul « de prêcher
par tout le monde contre la nation, contre la loi et
contre ce lieu. » Et Paul écrit aux Romains (X,
18) : « La voix de ceux qui l'ont prêché est
allée par toute la terre, et leurs paroles se sont
fait entendre jusqu'aux extrémités du monde. »
Ainsi, si nous ne devons appliquer ces paroles du
Seigneur qu'aux événements qui ont précédé la ruine
de Jérusalem, on ne saurait cependant nier qu'elles
ne doivent encore recevoir un accomplissement dans
l'avenir. Car le même endurcissement et le même
mépris de la Parole do Dieu provoquera dans tous les
temps les mêmes jugements de sa part. C'est pourquoi
il faut considérer chaque manifestation partielle de
ces jugements comme une prédiction du dernier
jugement.
Du verset15e
au 28e, Jésus décrit ce qui arrivera lors de la
ruine de Jérusalem. Quand
donc vous verrez dans le lieu, saint l'abomination
qui cause la désolation, et dont le prophète Daniel
a parlé (que celui qui lit y fasse attention), alors
que ceux qui sont dans la Judée s'enfuient aux
montagnes ; que celui qui est au haut de la maison
ne descende pas pour emporter quoi que ce soit de sa
maison ; et que celui qui est au champ ne retourne
point en arrière pour emporter ses habits. Malheur
aux femmes qui seront enceintes et à celles qui
allaiteront en ces jours-là ! Priez que votre fuite
n'arrive pas en hiver ni en un jour de Sabbat. Que
si ces jours n'avaient pas été abrégés, personne
n'échapperait, mais ils seront abrégés à cause des
élus. Alors si quelqu'un vous dit : Le Christ est
ici, ou : il est là, ne le croyez point ; de faux
christs et de faux prophètes s'élèveront et feront
de grands signes et de grands prodiges pour séduire
les élus s'il était possible. Voici, je vous l'ai
prédit. Si donc on vous dit : Le voici dans le
désert, n'y allez point, ou : Le voici dans les
lieux retirés, ne le croyez point, car comme
l'éclair sort de l'Orient et se fait voir jusqu'en
Occident, il en sera de même à l'avènement du Fils
de l'homme. Car là où sera le corps mort, les aigles
s'assembleront.
Les aigles romaines vinrent lorsque la
vie divine se fut retirée du peuple, et que
l'abomination des impies eut pénétré jusque dans le
lieu saint. C'était une grande consolation pour les
chrétiens que le Seigneur leur eût prédit ces
terribles calamités, et les eût exhortés à ne pas
rechercher les biens de la terre. Un refuge leur
était ménagé dans la ville de Pella. C'est là qu'ils
s'enfuirent, d'après les indications du Seigneur. Le
meilleur moyen de se préserver et de sortir chaque
jour du monde, c'est de se réfugier sur le sein de
Jésus. C'est aussi une grande consolation que le
Seigneur ait promis d'exaucer les prières des
croyants dans les temps de terreur. - À différentes
reprises, l'incrédulité a présenté aux chrétiens
une« Vie de Jésus » en leur disant :
Le Christ est ici.
Et tous ceux qui ne font aucun cas de la vie
éternelle, l'ont accueillie avec joie. Mais les élus
se détournent avec dégoût de ces caricatures du
Sauveur. Ils le cherchent dans sa Parole et dans les
sacrements et l'y trouvent toujours de nouveau
vivant.
Lorsque le Sauveur avance dans la
prédiction des événements des derniers jours, et les
rattache à ceux dont il vient de parler par le mot «
bientôt », il ne veut pas dire que le dernier
jugement doive suivre immédiatement la ruine de
Jérusalem. Car devant lui « mille ans sont comme un
jour et un jour comme mille ans. » -
Et aussitôt après l'affliction
de ces jours-là, le soleil s'obscurcira, et la lune
ne donnera point de lumière ; les étoiles tomberont
du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées.
Lorsque Jésus mourut sur la croix, le soleil
s'obscurcit aussi, la terre trembla et les tombeaux
s'ouvrirent. C'est ce qui arrivera également lors de
l'avènement du Sauveur. Car le règne de la
toute-puissance. est aussi le règne de la grâce.
Alors le Fils de l'homme
paraîtra dans le ciel ; alors aussi toutes les
tribus de la terre se lamenteront et se frapperont
la poitrine. Et elles verront le Fils de l'homme
venir sur les nuées du ciel avec une grande
puissance et une grande gloire. Il enverra ses anges
avec un grand son de trompette, et il rassemblera
ses élus des quatre vents depuis un bout des cieux
jusqu'à l'autre bout. - Ce qui
épouvantera les incrédules sera pour les élus une
heure de sainte joie. Ils lèveront la tête en haut
et verront celui en qui ils ont cru et qu'ils ont
aimé sans le voir. Au milieu des cris et de l'agonie
universelle, les croyants tressailliront de joie,
car leur délivrance approche. Affranchis de tous
liens, ils seront dans la glorieuse liberté des
enfants de Dieu. Lorsque nous récitons chaque jour
le« Notre Père », tenons constamment devant notre
âme la conclusion de cette prière : « Car à toi
appartiennent le règne, la puissance et la gloire au
siècle des siècles. » Elle nous offre la majestueuse
image du Fils de l'homme venant sur les nuées du
ciel, et dispose notre coeur à nous écrier :
Seigneur Jésus, viens !
Apprenez ceci
par la similitude du figuier. Quand ses branches
commencent à être tendres, et qu'il pousse des
feuilles, vous connaissez que l'été est proche. Vous
aussi de même, quand vous verrez toutes ces choses,
sachez que le Fils de l'homme est proche et à la
porte. Je vous dis en vérité que cette génération ne
passera point que toutes ces choses n'arrivent. Le
ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne
passeront point. Pour ce qui est du jour et de
l'heure, personne ne le sait, non pas les anges du
ciel, mais mon Père seul. Il faut que le
chrétien soit attentif aux signes des temps, afin de
connaître toujours l'heure marquée sur le cadran du
monde. Rien n'a été aussi souvent supputé que le
moment de l'avènement de Christ, bien qu'Il ait dit
: « Pour ce qui est du jour et de l'heure, personne
ne le sait que le Père. » Lorsque le Seigneur dit
que son jour viendra comme un filet, il avertit
qu'ilapparaîtra inopinément au moment où ils
croiront qu'il n'y a plus aucun danger. Les moqueurs
disent aujourd'hui comme aux jours de Noé :
Tout demeure comme au
commencement. N'étant pas encore venu
après dix-huit siècles, le Christ ne viendra sans
doute pas. À son avènement, le monde ne se plaindra
pas qu'il ait tardé trop longtemps ; mais
plutôt qu'il soit venutrop tôt. Ces paroles
ne passeront pas. Lorsque le monde s'écroulera,
elles subsisteront dans toute leur force aussi bien
que le« Amen » par lequel il les confirme.
La race juive sera conservée par cette
parole de Jésus jusqu'au dernier jour. Ce qu'on n'a
vu chez aucun peuple, nous le voyons de nos yeux
chez celui-là. Dispersés au milieu des autres
nations, sans patrie, sans roi, sans temple, sans
autels, sans sacrifices, ils ont vécu pendant
dix-huit siècles sans se confondre avec aucune
d'elles. Ils portent une empreinte qui les fait
immédiatement reconnaître. Tous les autres peuples
les considèrent comme un peuple à part, et c'est en
effet ce qu'ils veulent et doivent être.
Lorsque Frédéric le Grand demanda à son
aumônier une preuve brève et concluante en faveur de
la vérité du Christianisme, celui-ci lui répondit :
Sire, les Juifs. Oui, les Juifs, dit le roi après un
moment de réflexion.
Mais comme il en
était aux jours de Noé, il en sera de même à
l'avènement du Fils de l'homme. Car comme dans les
jours avant le déluge, les hommes mangeaient et
buvaient, se mariaient et donnaient en mariage,
jusqu'au jour que Noé entra dans l'arche, et qu'ils
ne pensèrent au déluge que lorsqu'il vint et les
emporta tous, il en sera de même à l'avènement du
Fils de l'homme. Alors, de deux hommes qui seront
dans un champ, l'un sera pris et l'autre laissé ; de
deux femmes qui moudront au moulin, l'une sera prise
et l'autre laissée. Extérieurement, les
croyants vaquent aux travaux de leur vocation
terrestre comme les enfants du monde. Ils dorment et
veillent comme les autres. Mais intérieurement, ils
sont l'ornement, la couronne qui plaît à Jésus.
Christ les recevra tandis que le monde périra sous
les coups de la colère de Dieu. -
Veillez donc, car vous ne
savez à quelle heure votre Seigneur doit venir. Vous
savez que si un père de famille était instruit à
quelleheure de la nuit un larron doit venir, il
veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.
C'est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts, car le
Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez
pas. Un chrétien ne doit pas être plus
paresseux à sauver son âme qu'à conserver ses biens
terrestres. |