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Chapitre 4
LE CAUCHEMAR D'UNE NATION
Le Royaume indépendant de Croatie, ayant ainsi officiellement vu
le jour, partit avec un zèle ardent pour remplir tous les espoirs si
obstinément entretenus par ses promoteurs religieux et politiques:
le Vatican et le fascisme. Inspiré par la majesté gracieusement
isolée du bon roi Tomislav II, sous le patronage de Sa Sainteté le
Pape, protégé par Hitler, surveillé par Mussolini, dirigé par des
terroristes catholiques, et policé par des baïonnettes catholiques,
la Nouvelle Croatie a commencé à se transformer en idéal
Commonwealth comme préconisé par les principes catholiques.
Cependant, selon les dictats du pape, un État doit être réglementé
non seulement par les autorités civiles mais aussi par les
autorités religieuses. Ainsi Pavelic, ayant déterminé qu'un
équivalent religieux de lui-même devait partager les droits et les
devoirs de la domination, veilla à ce que le chef de la Hiérarchie
devienne de facto le chef de la Nouvelle-Croatie. L'archevêque
Stepinac, le Primat croate, et d'autres, membres de la Hiérarchie,
l'équivalent religieux des Oustachi, ont été dûment élus membres
du Sabor (Parlement totalitaire). Les architectures militaires,
politiques et religieuses du nouvel État ayant ainsi été érigées,
Pavelic et Stepinac entreprirent de transformer toute sa structure
en un véritable Etat catholique-fasciste. Les mouvements, les
institutions, les hommes et tout le reste étaient faits pour se
conformer à la lettre et à l'esprit du catholicisme. Tous les
adversaires potentiels - communistes, socialistes, libéraux - ont
été bannis ou emprisonnés. Les syndicats étaient abolis, les
organisations ouvrières devenaient de pitoyables caricatures, la
presse était paralysée quand elle n'était pas bâillonnée, la liberté