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Comme nous l'avons vu l'A.T. est le dépôt d'un long processus de transmission traditionnelle, qui a pu être de nature orale ou écrite. Dans le premier cas, des prêtres, des prophètes ou même des hommes ordinaires constituaient les gardiens de cette tradition; dans le deuxième cas, les scribes remplissaient cette fonction.
Les Saintes Ecritures étant le résultat d'un tel processus il était nécessaire de fixer avec précision le contenu du texte, ses mots et même ses lettres, afin de le préserver des erreurs lors de sa transmission d'une copie à l'autre. C'était le travail des scribes (sopherim סֹפֶרִים). Ces scribes, et surtout les massorètes, ont développé un grand nombre d'instruments de travail pour protéger le texte exact.
Malgré cette oeuvre protectrice, des erreurs se sont infiltrées. La critique textuelle a la tache de repérer les tous les variantes d'un texte (leçons) et de proposer ce qu'il faut lire. Le besoin d'une critique textuelle se vit dans le quotidien. Tous ceux qui ont confié un texte à un dactylographe savent combien les fautes de frappe sont courantes, ainsi que des changements introduits par le scribe (dactylographe) pour améliorer des "fautes" dans l'original.
En tout cas, et malgré les efforts des
scribes, le travail des copistes ne peut pas être sans erreur et donc
nous avons des textes présentant certains différences (leçons
variantes). En plus de cette variété produit au sein d'une même
tradition textuelle, il y a aussi d'autres témoins textuels à l'A.T.
qui ne viennent pas de la tradition massorétique; les plus importants
sont la LXX
et quelques textes de Qumran
(les manuscrits dits de la Mer Morte). D'autres versions
(traductions anciennes) peuvent aussi être une aide pour
établir le texte. Les versions importantes mise à part la version
grecque, sont les Targums
(interprétations ou paraphrases araméens), les versions latines
(surtout la Vulgate)
et syriaque (la Peshitto).
La science de la critique textuelle reconnait certains types d'erreur qui se reproduissent lors qu'on recopie un texte:
(a) La confusion des lettres semblables, p.ex.: beth ב et kaph כ; daleth ד et resh ר; hé ה, heth ח et tau ת.
(b) La métathèse, ou l'inversion des lettres, p.ex.: Es 32.19 TM = העיר (la cité) tandis que 1QIsa = היער (la forêt).
(c) L'haplographie, quand une séquence de caractères qui se répète dans le texte est omis une fois par le scribe, p.ex.: Es 26.3b 4a כי בך בטוח TM "parce qu'on a confiance en toi. Faites confiance..." cf.: כי בך בתה 1QIsa.
(d) La dittographie, une fausse répétition. (Nb. c'est le revers de c, et un cas particulier peut exemplifier c ou d, l'art de la critique textuelle est de choisir lequel!)
(e) La fausse séparation des mots (surtout la séparation d'un mot en deux ou la fusion de deux mots en un seul).
(f) L'omission par homoeoteleuton (à cause des terminaisons semblables).
(g) La lecture d'un ‘mater lectionis’ comme consonne pure, ou l'inverse.
Les scribes anciens ont introduit des changements conscients dans le texte pour plusieurs raisons p.ex.:
[a] Les noms propres qui contenaient le mot בַּעַל "baal": p.ex. le nom Eshbaal (I Ch 8.33; 9.39) se trouve dans II S 2.8 ss. comme Ishbosheth (‘l'homme honteux’ au lieu Eshbaal ‘feu du Seigneur’); car Baal était aussi le nom d'un dieu cananéen.
[b] L'adaptation du texte aux besoins linguistiques de l'époque du scribe. Wurthwein mentionne l'exemple d'Es 39.1 où le mot חזק se trouve avec le sens de se guérir, le mot normal serait חיה et c'est ce mot qu'1QIsa a mit ici comme remplacement.
[c] Les gloses sont des explications ajoutées d'abord en marge, qui parfois entrent dans le texte. Elles peuvent entrer même dans une fausse position comme en Gn 10.14 où la glose en marge "d'où sortirent les Philistins" a été placé avant les mots qu'elle explique "et ceux de Kaftor" (cf. Am 9.7).
Quand de tels emmendations sont traditionnels chez les scribes, on les appelle "tiqqunê soperîm" תקני ספרים (corrections scribales cf. Qo 12.9).
[e] Les euphémismes comme dans I R 21.10; Jb 1.5,11; 2.5,9 où bénir à remplacé maudire.
[f] Quelquefois, quand un livre biblique utilise un autre livre comme sa source, de tels changements arrivent au moment de la rédaction même; p.ex., I S 17.23,50 et II S 2.8ss. contiennent deux versions de la mort du géant Goliath; I Ch 20.5 en est une version synoptique. De tels cas n'intéressent pas la critique textuelle.
Il y a quelques principes bien établis qui aident les critiques textuels dans leurs décisions. Ils ne résoluent pas toutes les questions. Le critique doit peser, tous les critères et ne peut pas appliquer ces règles comme un code légal.
Ces ‘règles’ sont:
(1) La leçon la plus ancienne est à
préférer.
(2) La leçon la plus difficile (lectio
difficilior) est à préférer.
(3) La leçon la plus courte (lectio
brevior) est à préférer.
(4) La leçon qui n'exprime pas la doctrine normative
juive (ou chrétienne pour le N.T.) est à préférer.
(5) On doit considérer les questions linguistiques;
p.ex. la conformité au langage et au style de l'auteur, la forme
(parallélisme, etc.).
La BHS est un texte critique du TM. Elle en est le plus complet et le plus récent, (sauf le "Hebrew University Bible Project" dont on ne possède qu'une partie). Un texte critique contient un apparat critique, c.a.d. des notes en bas de page signalant les leçons différentes des manuscrits, et parfois des versions aussi. Elle est donc l'instrument de base pour une critique textuelle scientifique de l'A.T..
Un texte hébraïque souvent utilisé est celui qui est publié par les Sociétés Bibliques, édité par N.SNAITH; il n'est pas ‘un texte critique’, mais se vend à un prix abordable.
La BHS indique les différents versions
par des sigles qui reçoivent leurs explications en latin. Pour aider
son utilisation en voici les plus importants en français:
le texte massorètique la Septante (LXX)
textes de Qumran le Pentateuque Samaritain
la version Syriaque la version Arabe
les Targums fragments du geniza de Caire
la Vulgate la vielle version Latine
des additions en indice indiquent certains témoins
textuels particuliers.
La critique textuelle est la méthode
d'étude scientifique de l'A.T. la plus ancienne. Elle est aussi la
première étape d'un étude vraiment ‘scientifique’ de l'A.T., condition
préalable des autres approches établissant le texte à étudier. Les
premiers critiques textuels étaient des scribes juifs des siècles avant
Jésus. Après tant de siècles de travail, et aussi après les découvertes
de ce siècle (surtout des textes bibliques de Qumran), la critique
textuelle est solidement établie. L'unité qui se fait voir entre les
spécialistes en ce domaine est remarquable (elle apparaît p.ex. en
comparant les commentaires ou en lisant les traductions modernes qui
indiquent les problèmes textuels par ci par là).
Ce manuel a été rédigé par le Dr Tim Bulkeley à l'intention des étudiants africains de théologie de l'Université protestante du Congo. Il est mis en forme électronique hypertexte par lui en 2003-4.
Toute partie de cet ouvrage peut être copiée par quelque moyen que ce soit, à la seule condition de retenir cette mention intacte sur chaque page.
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