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Ce narratif ne mentionne que six personnages, Amaçya, Jéroboam, Israël, Amos, le SEIGNEUR, et la famille d'Amaçya./208 En fait trois de ces personnages, Jéroboam, Israël et la famille d'Amaçya n'apparaissent que nominalement et leur réaction à leur sort (ou, dans le cas du roi, au rapport de la prophétie) n'est pas indiquée, leur point de vue n'est pas présent dans le texte et il n'y a aucune description d'eux; ils ne sont que des agents et non pas de vrais personnages. Pour le SEIGNEUR aussi ce texte nous fourni peu d'informations, en quelque sorte il est un type./209
Les cas d'Amos et d'Amaçya sont plus complexes, car leurs actions permettent des suppositions et des discussions concernant leurs mobiles, mais par ailleurs ils fonctionnent aussi en quelque sorte comme des types du "prophète" et de "celui qui n'est pas prêt à entendre le message à cause de sa fonction". Le fait que ses protagonistes sont si peu arrondis peut nous suggérer que ce récit a un autre but que simplement raconter un événement. (En tout cas la division ’personnage arrondi’, ’type’ et ’agent’ est une gamme et pas une dichotomie.)
Le SEIGNEUR est toujours appelé par son nom, pas d'autre titre ou description ne sont utilisés dans ce narratif. La famille d'Amaçya est indiquée par la relation ("ta femme", "tes fils" et "tes filles") qui indique leur fonction pour le récit. Seul Amaçya et Amos reçoivent d'autres appellations. Amaçya est "le prêtre de Béthel" quand il est présenté. (Une indication qu'il sert de type?) C'est Amaçya qui présente Amos, par son nom sans autre qualificatif; mais Amos reçoit une autre appellation discutée: au v.12 Amaçya l'appelle "voyant", en utilisant le verbe "prophétiser", et au v.14 Amos semble nier le sens de cette appellation dans la bouche d'Amaçya disant "Je ne suis pas prophète". (On peut aussi se demander si l'appel du SEIGNEUR "Va, prophétise!" en quelque sorte le nomme prophète.)
La première partie du v.10 vient du point de vue du narrateur
omniscient qui introduit le point de vue d'Amaçya en citant ses
paroles. Le jeu de points de vue dans cette parole est assez compliqué,
car le narrateur nous dit qu'Amaçya informe le roi du point de vue du
peuple ("le pays ne peut plus rien tolérer") et ensuite celui d'Amos en
citant à son tour sa parole. (Cette citation à l'intérieur d'une
citation est de la sorte dont nous ne possédons pas directement les
paroles citées, mais elle est vraisemblable car Amos vient au v.9 de
dire "quand je me lèverai avec l'épée contre la maison de Jéroboam" et
il a aussi parlé de la déportation d'Israël déjà dans le livre. C'est
donc une vraie présentation du point de vue d'Amos.)
Le point de vue du prêtre continue dans sa parole au v.12, mais le jeu
est encore développé, car Amaçya nous présente ce qu'il pense être le
point de vue d'Amos ("sauve toi", "gagne ton pain" pour Amaçya les
besoins vitales d'Amos primeraient sur tout autres).
Le point de vue de l'héros est écouté directement pour la
première fois dans ce passage dans sa réponse vv.14ss. Mais ici le
point de vue du SEIGNEUR est introduit, d'abord par l'appel du
prophète, et ensuite par l'oracle mais toujours présenté du point de
vue d'Amos. Selon lui le SEIGNEUR confirme les paroles dont Amaçya
accuse Amos "et Israël sera certainement déporté". Dans la parole du
SEIGNEUR est aussi une citation d'Amaçya mais dont il n'a pas prononcé
les mots (v.16b)!
Mettons ceci en forme diagrammatique, l'insertion d'un point de vue
dans un autre est indiquée et mise en retrait, les citations sont
indiquées par des caractères en italiques:
Narrateur | ||||
Amaçya | 10b-13 | |||
Peuple | 10b | |||
Amos (sans dissonance) | 11 | |||
Amos (imputé, mais tout de dans suite nié, dissonance) | dans 12-13 | |||
Amos | 14-17 | |||
SEIGNEUR |
15b | |||
SEIGNEUR | 16b-17 | |||
Amaçya (citation avec dissonance car Amaçya n'a pas prononcé ces mots!) | 16b |
La présence du narrateur n'est pas cachée dans ce narratif, mais il n'exprime jamais son point de vue ’idéologique’ de manière ouverte, sa récitation est toujours directe et pour la plupart par citation. Les seuls cas de dissonance sont dans les paroles d'Amaçya et dans l'oracle. Amaçya résume la parole d'Amos, et dans ce cas le narrateur confirme sa justice en plaçant ce résumé après v.9 et par la dernière phrase du récit, il n'y a pas ici une vraie dissonance, contrairement à sa prochaine représentation du point de vue d'Amos vv.12-13 où l'imputation est tout de suite niée par Amos, ici la dissonance est forte. Cependant dans la parole du SEIGNEUR, qui ’cite’ des mots qu'Amaçya n'a pas dits, il y a une vraie dissonance, car la version du SEIGNEUR / d'Amos est plus inclusive que les ’vraies’ paroles d'Amaçya Amaçya interdit au prophète de parler dans le sanctuaire royal, elle lui fait interdire de prononcer des oracles contre Israël, ce que Dieu vient d'ordonner.
L'utilisation de dissonance ici rend plus évident et intensifie le conflit entre les deux protagonistes. D'abord, dans la présentation du message d'Amos v.11 il n'y a pas de dissonance, mais par la demande de ne plus parler en Israël deux cas de dissonance sont suscités (entre Amos/Amaçya v.14 et entre Amaçya/Dieu v.16 cf.v.13). Dans ce dernier exemple le narrateur montre aussi le décalage subtil entre le point de vue d'Amaçya et ce qu'il est vraiment en train de faire (représenté dans le point de vue divin).
Ce manuel a été rédigé par le Dr Tim Bulkeley à l'intention des étudiants africains de théologie de l'Université protestante du Congo. Il est mis en forme électronique hypertexte par lui en 2003-4.
Toute partie de cet ouvrage peut être copiée par quelque moyen que ce soit, à la seule condition de retenir cette mention intacte sur chaque page.
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